Lettre des infirmières au président de la République à lui envoyer sur : http://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique/
Lesinfirmières Encolère
à
Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
75008 Paris.
Strasbourg, le 29 mai 2014.
Objet : incohérence de l’Action Publique – Décalages – Santé Publique.
Monsieur le Président,
alors que la classe politique – dans son ensemble – est désavouée de par ses positionnements et sa gouvernance honteuse, les français (dont 600 000 infirmières en activités, plus de 75 000 étudiants infirmiers en instituts de formation et quelques centaines de milliers de collègues retraitées, très attachées à la profession) ne comprennent pas. Ils vous le font savoir, en exprimant avant tout un vote de protestation, dont vous n’avez, semble-t-il, que faire. Les résultats des élections municipales et des européennes de ces deux derniers mois sont pourtant clairs : entre un pourcentage d’abstentionnistes plus que jamais élevé et les citoyens qui ne votent pas ou plus pour le parti de gouvernement que vous avez installé aux commandes de l’Etat, il est cristallin que la politique menée successivement par messieurs Ayrault et Valls n’est pas agrée par une très forte majorité de français. Ainsi au soir du 25 mai 2014, monsieur le Premier ministre n’avait comme seul discours que la répétition mécanique de son programme de politique générale, présenté un mois plus tôt à l’Assemblée Nationale. Le lendemain, au cours d’une courte allocution télévisée, vous teniez le même propos. Il y a fort à parier, monsieur le Président de la République, que les prochaines élections générales seront du « même tonneau » car à persister sur la voie de l’échec, la France va dans le mur !
Pourtant, la gouvernance des institutions européennes n’est pas la seule en cause, loin s’en faut. La Santé, grande absente des débats et autres réunions publiques de la campagne présidentielle de 2012, est pourtant un sujet qui concerne l’ensemble des français, aux rangs desquels nous sommes, professionnels et étudiants, en première ligne.
Mais pour soigner sereinement et correctement, monsieur le Président, il faut des soignants bien soignés. Tel n’est pas le cas puisque, vous le savez, tant les infirmières salariées que celles qui exercent en secteur libéral, sont plombées, soit au niveau de la rémunération bloquée depuis plus de 4 ans et jusqu’en 2017, soit au niveau de la prise en considération de la pénibilité non ré introduite pour les salariées du secteur publique (alors que les infirmières en retraite ont une durée de vie de 8 années inférieure aux moyennes des autres femmes en retraite). Soit enfin avec cet ordre infirmier détesté et toujours plus repoussé par une très forte majorité de la profession. Ordre infirmier inutile, absurde, redondant et coûteux, sur endetté et aux seules mains de sa banque présidée par monsieur Pérol, à laquelle il doit encore plus de 7 500 000 euros. Que dire de ces omnipraticiens qui reçoivent jusqu’ à 50 ou 70 patients par jour dans leur cabinet quand, dans le même temps, des infirmières libérales sont accusées de piller les comptes de la sécurité sociale, très souvent injustement ? Que dire, encore monsieur le Président, de cette nomenclature de prise en charge et de remboursement des soins devenue obsolète et sujette à toutes les controverses ? Que dire, toujours, du tarif de remboursement kilométrique plus élevé pour un médecin à 0,61 euro qui fait sa tournée, quand dans le même temps, une infirmière libérale qui fait le plein à la même pompe à essence est dédommagée 0,35 euro … pour la même tournée ? Il y a peu, l’APHP s’est faite épinglée sévèrement pour avoir fiché des chirurgiens en fonction de leur performances de rendement professionnel ou autres agents ayant eu le malheur de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Des infirmières sont encore, avant-hier, convoquées à la gendarmerie comme des voleuses pour y être fichées suite aux dénonciations de l’ordre infirmier auprès des procureurs.
Les moyens de se soigner, les français ne les ont plus, ou alors ils les obtiennent par défaut. Ainsi la presse s’est récemment fait l’écho du doublement des bénéficiaires de la CMU, certes, mais financé par qui ? Madame la Ministre de la Santé s’est récemment aussi défendue d’empêcher une politique de soins « low cost » mais cette politique, monsieur le Président est déjà installée dans les services de soins depuis des années. Il n’est qu’à constater l’état de délabrement de certains outils, les délais allongés pour obtenir tel examen sauf à sortir le chéquier pour régler des dépassements d’honoraires toujours plus importants (à titre professionnel, j’ai, il y a quelques temps, pris en charge une personne âgée qui s’est ainsi endettée auprès d’un établissement de crédit révolving pour pouvoir régler la note du chirurgien … à l’hôpital public !). Les tarifs devenus exorbitants et exigés par les mutuelles complémentaires sont trop élevés pour beaucoup d’entre nous qui travaillons sans pouvoir nous soigner, reportant l’achat de montures ou de prothèses dentaires. Nos aînés sont ainsi « saignés à blanc » quand les tarifs des EPHAD ne cessent d’augmenter et que les personnels qui y travaillent sont éreintés faute de moyens humains suffisants pour en assurer un fonctionnement normal et une prise en charge optimale, au bénéfice de qui ?
Madame la Ministre de la Santé va présenter d’ici peu la Loi Santé 2015. A peine connue, elle est déjà l’objet de toutes les controverses. Elle comporte, par exemples, un volet visant à faire évoluer (ou à purement supprimer) l’ordre infirmier, et dans le même temps, est publié au Journal Officiel, un décret visant à renforcer considérablement les pouvoirs des chambres disciplinaires ordinales en matière de refus du droit à exercer. D’autre part des syndicats de médecins s’opposent déjà publiquement à la mise en place de la fonction « infirmière clinicienne » pourtant inscrite dans ledit projet. Les étudiants infirmiers anesthésistes très bientôt diplômés ne savent toujours pas comment ils valideront un Master car le processus de réingénierie est depuis plusieurs années, toujours en discussion dans les ministères, etc ...
Monsieur le Président de la République, il n’est pas encore trop tard pour « inverser la vapeur » et changer de voie. Des possibles déraillements sont à craindre et ne pourront peut-être pas être évités. Mais la catastrophe républicaine annoncée pour 2017, elle, est bien en vue. Monsieur le Président de la République vous avez été élu sur un programme qui n’est pas celui appliqué concrètement au quotidien. Les français vous en tiennent personnellement pour responsable et vous en tiennent forte rigueur, les infirmières et étudiants infirmiers, tous électeurs, aussi.
Dans l’attente, nous vous adressons, monsieur le Président de la République, nos salutations respectueuses, citoyennes et plus que jamais déterminées.
Pour Lesinfirmières Encolère,
Solange Granier, infirmière retraitée,
Edith Hirtler, infirmière diplômée d’Etat,
Elise Paulmier, infirmière diplômée d’Etat,
Hugues Dechilly, infirmier diplômé d’Etat,
Laurent Faux, infirmier diplômé d’Etat,
Joël Soulcié, infirmier diplômé d’Etat,
Lesinfirmières Encolère
à
Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
75008 Paris.
Strasbourg, le 29 mai 2014.
Objet : incohérence de l’Action Publique – Décalages – Santé Publique.
Monsieur le Président,
alors que la classe politique – dans son ensemble – est désavouée de par ses positionnements et sa gouvernance honteuse, les français (dont 600 000 infirmières en activités, plus de 75 000 étudiants infirmiers en instituts de formation et quelques centaines de milliers de collègues retraitées, très attachées à la profession) ne comprennent pas. Ils vous le font savoir, en exprimant avant tout un vote de protestation, dont vous n’avez, semble-t-il, que faire. Les résultats des élections municipales et des européennes de ces deux derniers mois sont pourtant clairs : entre un pourcentage d’abstentionnistes plus que jamais élevé et les citoyens qui ne votent pas ou plus pour le parti de gouvernement que vous avez installé aux commandes de l’Etat, il est cristallin que la politique menée successivement par messieurs Ayrault et Valls n’est pas agrée par une très forte majorité de français. Ainsi au soir du 25 mai 2014, monsieur le Premier ministre n’avait comme seul discours que la répétition mécanique de son programme de politique générale, présenté un mois plus tôt à l’Assemblée Nationale. Le lendemain, au cours d’une courte allocution télévisée, vous teniez le même propos. Il y a fort à parier, monsieur le Président de la République, que les prochaines élections générales seront du « même tonneau » car à persister sur la voie de l’échec, la France va dans le mur !
Pourtant, la gouvernance des institutions européennes n’est pas la seule en cause, loin s’en faut. La Santé, grande absente des débats et autres réunions publiques de la campagne présidentielle de 2012, est pourtant un sujet qui concerne l’ensemble des français, aux rangs desquels nous sommes, professionnels et étudiants, en première ligne.
Mais pour soigner sereinement et correctement, monsieur le Président, il faut des soignants bien soignés. Tel n’est pas le cas puisque, vous le savez, tant les infirmières salariées que celles qui exercent en secteur libéral, sont plombées, soit au niveau de la rémunération bloquée depuis plus de 4 ans et jusqu’en 2017, soit au niveau de la prise en considération de la pénibilité non ré introduite pour les salariées du secteur publique (alors que les infirmières en retraite ont une durée de vie de 8 années inférieure aux moyennes des autres femmes en retraite). Soit enfin avec cet ordre infirmier détesté et toujours plus repoussé par une très forte majorité de la profession. Ordre infirmier inutile, absurde, redondant et coûteux, sur endetté et aux seules mains de sa banque présidée par monsieur Pérol, à laquelle il doit encore plus de 7 500 000 euros. Que dire de ces omnipraticiens qui reçoivent jusqu’ à 50 ou 70 patients par jour dans leur cabinet quand, dans le même temps, des infirmières libérales sont accusées de piller les comptes de la sécurité sociale, très souvent injustement ? Que dire, encore monsieur le Président, de cette nomenclature de prise en charge et de remboursement des soins devenue obsolète et sujette à toutes les controverses ? Que dire, toujours, du tarif de remboursement kilométrique plus élevé pour un médecin à 0,61 euro qui fait sa tournée, quand dans le même temps, une infirmière libérale qui fait le plein à la même pompe à essence est dédommagée 0,35 euro … pour la même tournée ? Il y a peu, l’APHP s’est faite épinglée sévèrement pour avoir fiché des chirurgiens en fonction de leur performances de rendement professionnel ou autres agents ayant eu le malheur de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Des infirmières sont encore, avant-hier, convoquées à la gendarmerie comme des voleuses pour y être fichées suite aux dénonciations de l’ordre infirmier auprès des procureurs.
Les moyens de se soigner, les français ne les ont plus, ou alors ils les obtiennent par défaut. Ainsi la presse s’est récemment fait l’écho du doublement des bénéficiaires de la CMU, certes, mais financé par qui ? Madame la Ministre de la Santé s’est récemment aussi défendue d’empêcher une politique de soins « low cost » mais cette politique, monsieur le Président est déjà installée dans les services de soins depuis des années. Il n’est qu’à constater l’état de délabrement de certains outils, les délais allongés pour obtenir tel examen sauf à sortir le chéquier pour régler des dépassements d’honoraires toujours plus importants (à titre professionnel, j’ai, il y a quelques temps, pris en charge une personne âgée qui s’est ainsi endettée auprès d’un établissement de crédit révolving pour pouvoir régler la note du chirurgien … à l’hôpital public !). Les tarifs devenus exorbitants et exigés par les mutuelles complémentaires sont trop élevés pour beaucoup d’entre nous qui travaillons sans pouvoir nous soigner, reportant l’achat de montures ou de prothèses dentaires. Nos aînés sont ainsi « saignés à blanc » quand les tarifs des EPHAD ne cessent d’augmenter et que les personnels qui y travaillent sont éreintés faute de moyens humains suffisants pour en assurer un fonctionnement normal et une prise en charge optimale, au bénéfice de qui ?
Madame la Ministre de la Santé va présenter d’ici peu la Loi Santé 2015. A peine connue, elle est déjà l’objet de toutes les controverses. Elle comporte, par exemples, un volet visant à faire évoluer (ou à purement supprimer) l’ordre infirmier, et dans le même temps, est publié au Journal Officiel, un décret visant à renforcer considérablement les pouvoirs des chambres disciplinaires ordinales en matière de refus du droit à exercer. D’autre part des syndicats de médecins s’opposent déjà publiquement à la mise en place de la fonction « infirmière clinicienne » pourtant inscrite dans ledit projet. Les étudiants infirmiers anesthésistes très bientôt diplômés ne savent toujours pas comment ils valideront un Master car le processus de réingénierie est depuis plusieurs années, toujours en discussion dans les ministères, etc ...
Monsieur le Président de la République, il n’est pas encore trop tard pour « inverser la vapeur » et changer de voie. Des possibles déraillements sont à craindre et ne pourront peut-être pas être évités. Mais la catastrophe républicaine annoncée pour 2017, elle, est bien en vue. Monsieur le Président de la République vous avez été élu sur un programme qui n’est pas celui appliqué concrètement au quotidien. Les français vous en tiennent personnellement pour responsable et vous en tiennent forte rigueur, les infirmières et étudiants infirmiers, tous électeurs, aussi.
Dans l’attente, nous vous adressons, monsieur le Président de la République, nos salutations respectueuses, citoyennes et plus que jamais déterminées.
Pour Lesinfirmières Encolère,
Solange Granier, infirmière retraitée,
Edith Hirtler, infirmière diplômée d’Etat,
Elise Paulmier, infirmière diplômée d’Etat,
Hugues Dechilly, infirmier diplômé d’Etat,
Laurent Faux, infirmier diplômé d’Etat,
Joël Soulcié, infirmier diplômé d’Etat,