à
Monsieur le Président de la République,
Strasbourg, le 09 avril 2013.
Monsieur le Président,
la République exemplaire que vous prôniez il y a seulement une année, celle la même que vous appelez de vos vœux aujourd'hui va mal. Elle est très malade.
Chaque jour apporte son lot de mauvaises et nauséabondes nouvelles qui plombent – un peu plus encore – l'ambiance générale et le moral de nos concitoyens qui n'en peuvent plus.
Comme chantait l'autre Maxime: « on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille ... », comme écrivait monsieur de Voltaire : « protégez moi de mes amis, mes ennemis je m'en occupe ». Qu'il est difficile, monsieur le Président, en ces temps, de pouvoir faire confiance, y compris à ses proches !
Vos détracteurs, à la mémoire très, très courte, continuent de vous affliger et de vous attribuer, certes parfois à raison, la paternité de cette situation délétère au plus haut point. Demain, vous serez ainsi rendu responsable du manque de soleil et de la neige abondante qui est encore tombée la semaine passée, en Normandie.
Les français, eux, se vengent en votant pour les extrêmes (qui s'installent durablement) à près de 50 % lors des élections partielles, comme il y a peu dans l'Oise, il y a fort à penser qu'ils en feront autant aux prochaines élections générales, la courbe persistante et les derniers chiffres, eux, ne mentent pas !
La très récente désaffection des Alsaciens qui se sont très peu déplacés pour aller voter dimanche dernier en est aussi une conséquence plus que navrante mais, malheureusement, très réaliste et un nouveau mauvais coup porté à notre vieille Démocratie.
En ces temps de crise (pas pour tout le monde !), en ces temps de profond discrédit de la classe politicienne, en ces temps de défiance justifiée et très aggravée des français à l'encontre de leurs élus, il est des sujets pourtant récurrents qui – eux aussi – reviennent régulièrement, aussi régulièrement que le sont les marronniers, qui fleurissent de manière saisonnière, à la une de nos journaux et autres magazines.
Monsieur le Président, la République est ainsi animée de quelques plus de 65 millions de français, dont – excusez du peu – plus de 560 000 infirmières en (trop) pleine activité, infirmiers qui sont autant de relais incontournables de l'opinion publique, professionnels de la Santé qui sondent – au propre comme au figuré – intimement la population pour la connaître très bien, au quotidien.
Une de nos adhérentes, infirmière de son état, vous a adressé une lettre badine, en apparence, il y a quelques jours (voir copie jointe). Elle espère une réponse, nous aussi.
Monsieur le Président, la confiance des français vous fait défaut, et même si on ne gouverne pas qu'avec elle, la chance vous manque et l'environnement international défaillant s'installe et s'impose progressivement, mais là aussi très sûrement, en France.
Comme disait encore l'autre : « quand çà ne veut pas, ben çà ne veut pas ».
Monsieur le Président, il est pourtant une chose bien réelle qui peut permettre de redonner un peu d'espoir aux électeurs qui ne vous feront pas de cadeau, soyez en certain, aux prochaines élections : le respect de la parole donnée.
Ainsi dans l'opposition, la quasi totalité de la classe dirigeante aujourd'hui aux affaires – preuves à l'appui – s'était engagée sans ambages en faveur de la suppression des ordres paramédicaux. Aujourd'hui, il n'en est toujours rien et ces ordres paramédicaux qui nous pourrissent la vie professionnelle, au quotidien, déjà pas facile, existent encore et toujours.
Des kinés, des pédicures et autres infirmiers sont menacés, sont harcelés, sont – pour certains – traduits devant des tribunaux ordinaux de pacotille où le Droit fait place à l'amateurisme désastreux, pour d'autres encore, devant les tribunaux du Peuple où il semble bien que, dernièrement, la Justice leur donne raison contre les ordres qui font désordre.
Lorsque nous abordons ce sujet avec des élus et autres professionnels de la politique, on nous répond que les caisses sont vides et que la France à d'autres chats à fouetter …
Monsieur le Président, la suppression de ces ordres ne coûterait aucun euro à l'État puisque ces ordre font doublon, particulièrement l'ordre infirmier, avec les ARS, notamment dans la gestion du fichier ADELI.
Monsieur le Président, premier corps de métier en France de par le nombre de ses membres en exercice, la profession infirmière se doit, elle aussi, d'être reconnue dans ses demandes : après plus de six années de fonctionnement chaotique et d'un désastre financier, l'ordre infirmier ne sert définitivement à rien, plus de 80% de la profession n'est toujours pas inscrite au tableau et ne le sera pas, plus de 90% des infirmières ne cotisent pas à l'ordre et elles continueront de ne pas payer cette taxe professionnelle déguisée, alors que – comme pour beaucoup de français – les fins de mois sont de plus en plus difficiles à supporter.
Monsieur le Président, les plus de 560 000 infirmiers, électeurs et contribuables attendent ainsi, en exerçant au quotidien dans l'illégalité de fait, payés pour bon nombre d'entre eux par l'État chaque mois, que vous preniez la mesure de leurs attentes. L'abrogation de l'ordre infirmier en est une.
Nous nous sommes engagés clairement, il y a une année, en faveur d'un changement promis mais qui ne vient pourtant pas. Ce rejet des gouvernements précédents qui ont beaucoup fait pour casser la Santé, et l'hôpital public au profit de la seule finance, et, qui ont malmené – comme jamais auparavant – les infirmières et les autres soignants devient progressivement mais plus que sûrement, un rejet de votre politique dont nous avons de plus en plus de difficultés à en discerner l'originalité.
Monsieur le Président, encore une fois, une dernière fois (?), nous vous réaffirmons notre soutien et notre solidarité dans ces moments difficiles, pour tous, à commencer par les plus démunis dont le nombre ne cesse, lui aussi, de progresser, ces mêmes toujours plus faibles qui viennent chaque jour à l'hôpital chercher le réconfort que notre société n'est plus à même de leur fournir. Nous avons, nous aussi, des idées à partager, pour progresser.
Nous vous adressons, monsieur le Président de la République, nos salutations infirmières respectueuses et engagées, citoyennes et déterminées, et nous renouvelons, ici, notre demande d'audience, elle aussi récurrente.
Hugues Dechilly,
secrétaire général
infirmier diplômé d'État
en exercice illégal
depuis le 21 décembre 2006.
RESILIENCE – 20 rue de Molsheim – 67000 Strasbourg.