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11|01|2012
Nouveaux maux d’ordre…
L’ordre national des infirmiers assigne en justice le syndicat Résilience et son secrétaire général, Hugues Dechilly, pour diffamation.
« Nous sommes victimes depuis des mois, pour ne pas dire depuis plusieurs années, d’une forme de harcèlement d’un certain nombre d’opposants et de certains en particulier », déclare Didier Borniche, président du conseil national de l’ordre des infirmiers, joint par téléphone hier au soir. C’est la première fois depuis qu’il a pris les rênes de l’ordre que Didier Borniche accepte de s’exprimer. Il ajoute : « Il y a un certain nombre de faits qui ont été relevés par huissier et qui vont argumenter la plainte que nous avons déposé contre Résilience et son secrétaire général devant la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris pour injures publiques. Chacun a le droit d’avoir un avis, et les avis peuvent ne pas être convergents. Cela ne justifie pas qu’on s’insulte. Il faut que le respect s’installe entre nous. Notre monde est suffisamment compliqué sans que, sur des affaires comme celles-là, on utilise ce type de moyens. Par ailleurs, notre profession, nos confrères et consœurs, sont suffisamment grands pour se faire une opinion sur telle ou telle personne. Il n’est pas utile d’en rajouter à travers des propos qui peuvent être diffamatoires. » La citation à comparaître devant le juge du syndicat et de son secrétaire général est fixée le 20 mars prochain.
« Même par peur ! »
De son côté, Résilience ne désarme pas. Dans un communiqué publié ce matin sur son site, et titré « Même pas peur ! », le syndicat indique qu’il va poursuivre ses actions en référé auprès des tribunaux administratifs, afin de faire constater l’illégalité des conseils départementaux de l’ordre. Il demande en outre « à l'ensemble des infirmières et infirmiers opposés à l’ONI, toujours aussi nombreux, de ne pas céder aux lettres de relance, aux menaces, aux intimidations ordinales ». Résilience indique enfin qu’il « ira jusqu'au bout de ses actions pour que — tous — les responsables de cette gabegie honteuse répondent de leurs actes devant la justice du peuple. »
Pour Gilles Devers, avocat du syndicat : « L’ordre veut faire taire son opposant. C’est hors d’époque. Il réclame 30 000 euros de dommages et intérêts et de frais… c’est comme si Bouygues demandait 50 millions d’euros au Canard Enchaîné ! On va donc lui expliquer, d’une part, quel est le rôle d’un syndicat, et, d’autre part, lui rappeler ce qu’est la liberté d’expression, qui est garantie par la convention européenne des droits de l’homme, et qui, dès lors qu’on se situe dans un débat d’intérêt général, n’a pour limite que l’honneur des personnes. » L’avocat espère que l’ordre sera toujours vivant lorsque viendra le temps des plaidoiries… « Car, dit-il, je me ferai un plaisir de le faire condamner pour atteinte à la liberté d’expression. » Des paroles qui promettent de joyeuses passes d’armes devant le juge… A suivre.
Françoise Vlaemÿnck