Jeudi 27 novembre 2014 - 19:55
Chirurgiens-dentistes: près d'un tiers des nouveaux inscrits à l'ordre ont un diplôme étranger
PARIS, 27 novembre 2014 (APM) - Près d'un tiers (30%) des nouveaux inscrits à l'ordre des chirurgiens-dentistes en 2013 avaient un diplôme obtenu à l'étranger, a indiqué jeudi le président de l'ordre national des chirurgiens-dentistes (ONCD), le Dr Christian Couzinou, lors de la conférence de presse du congrès de l'Association dentaire française (ADF).
Ce congrès se déroule à Paris jusqu'à samedi. Environ 8.000 participants sont attendus, a indiqué l'un des deux secrétaires généraux de l'ADF, le Dr Joël Trouillet.
Lors de la conférence de presse, les participants ont abordé la réforme des professions réglementées en préparation. Christian Couzinou est revenu sur la question du numerus clausus, tout en notant que le ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, Emmanuel Macron, "n'en parle plus".
Le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) de mars 2013 sur les professions réglementées, publié par la presse début août et sur lequel le gouvernement avait dit vouloir s'appuyer, prônait la suppression du numerus clausus des chirurgiens-dentistes, notamment "au motif qu'un grand nombre d'entre eux, installés en France, sont désormais formés à l'étranger" (cf APM GBRGF001).
Tout en confirmant que le numerus clausus est "complètement détourné", le président de l'ONCD a jugé que sa suppression menacerait la qualité de l'enseignement dispensé par les universités françaises. Il y a 15 ans, ce plafond était fixé à 800, mais il a atteint 1.200 en 2014 sans que davantage d'enseignants et de matériel ne soient disponibles, a-t-il expliqué.
En 2013, sur 1.430 nouveaux inscrits au tableau de l'ordre, 1.006 (70%) étaient titulaires d'un diplôme français, contre 398 d'un diplôme obtenu dans d'autres pays de l'Union européenne (28%) et 26 d'un diplôme hors UE (2%), selon des données publiées sur le site de l'ONCD. Parmi les diplômes obtenus dans l'UE, hors de France, les pays les plus représentés étaient la Roumanie (205), l'Espagne (96), le Portugal (56) et la Belgique (17).
Cela ne recoupe pas exactement les statistiques par nationalité des inscrits, note-t-on. Les Français étaient 1.030 (contre 921 en 2010), les Roumains 195 (vs 57), les Espagnols 86 (vs 21), les Portugais 55 (vs sept) et les Belges huit (vs 13).
Parmi les primo-inscrits de nationalité française, seulement 45, soit 4,4%, s'étaient formés hors de France. Cependant, cette proportion devrait augmenter dans les prochaines années car environ un millier de Français suivent actuellement des études dentaires à l'étranger, a affirmé Christian Couzinou lors de la conférence de presse. Il a indiqué que cette estimation s'appuyait sur une enquête de l'ordre.
"De jeunes Français ne passent plus par la Paces [première année commune aux études de santé] mais vont directement" à l'étranger pour obtenir leur diplôme, a-t-il pointé. Les études sont souvent "très chères", par exemple 20.000 euros l'année dans une université espagnole, ou 5.000 euros dans une faculté de Roumanie où les cours sont en français. Mais les études durent seulement cinq ans en Roumanie et en Belgique, contre six en France.
"Le problème de la formation dans les autres pays est que chaque Etat garantit la qualité de sa propre formation. Il n'y a aucune agence de contrôle qui va vérifier que la formation est identique dans tous les pays d'Europe", a regretté la présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), Catherine Mojaïsky. "Il nous semble essentiel qu'à partir du moment où il y a libre circulation [des diplômés], il y ait effectivement garantie que la formation est identique".
Les intervenants ont réitéré les critiques formulées par les dentistes sur d'autres points du projet de réforme des professions réglementées, comme le devis à fournir au client pour les prothèses dentaires (cf APM GBRJG003).
INQUIETUDES SUR LA REFORME DES COMPLEMENTAIRES
Catherine Mojaïsky a par ailleurs exprimé les réserves de son syndicat vis-à-vis de la généralisation de la complémentaire santé collective à tous les salariés, prévue d'ici à janvier 2016. "On a des remontées très inquiètes de nombre de nos patients qui nous font savoir que le contrat qu'envisage de prendre leur employeur [prévoira] des prestations complémentaires qui seront bien moins intéressantes" que celles dont ils bénéficient par un contrat individuel ou celui de leur conjoint, a-t-elle rapporté.
La CNSD s'inquiète également de l'article 19 du projet de loi de santé, qui organise un encadrement des tarifs des prestations d'optique et de soins dentaires prothétiques et orthodontiques délivrés aux bénéficiaires de l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS). Cela étendrait un système qui existe déjà pour la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) (cf APM NCRHM003).
Tout en se disant favorable à un meilleur accès aux soins des bénéficiaires de l'ACS, Catherine Mojaïsky a fait valoir que les tarifs CMU-C n'ont pas évolué depuis huit ans. Elle a dit avoir reçu "des promesses" de revalorisation de la part des pouvoirs publics, mais pas encore d'assurance à ce sujet.
Elle a aussi critiqué les modalités de généralisation du tiers payant proposées par le gouvernement (en 2015 pour les bénéficiaires de l'ACS et d'ici à 2017 pour tous les assurés, cf APM MHRKE001). Elle a notamment pointé le refus du ministère de la santé d'inscrire dans les textes une garantie de paiement pour les professionnels, afin d'éviter des impayés.
Elle s'est dite méfiante au sujet des aspects techniques, d'autant que, lors de la mise en place de la classification commune des actes médicaux (CCAM) dentaires au 1er juin, il s'est avéré que "certaines choses ne passent pas en télétransmission", par exemple des localisations de la bouche que Sesam-Vitale ne peut pas prendre en compte.
nc/ab/APM polsan
redaction@apmnews.com
NC0NFPAGB 27/11/2014 19:55 ACTU
Chirurgiens-dentistes: près d'un tiers des nouveaux inscrits à l'ordre ont un diplôme étranger
PARIS, 27 novembre 2014 (APM) - Près d'un tiers (30%) des nouveaux inscrits à l'ordre des chirurgiens-dentistes en 2013 avaient un diplôme obtenu à l'étranger, a indiqué jeudi le président de l'ordre national des chirurgiens-dentistes (ONCD), le Dr Christian Couzinou, lors de la conférence de presse du congrès de l'Association dentaire française (ADF).
Ce congrès se déroule à Paris jusqu'à samedi. Environ 8.000 participants sont attendus, a indiqué l'un des deux secrétaires généraux de l'ADF, le Dr Joël Trouillet.
Lors de la conférence de presse, les participants ont abordé la réforme des professions réglementées en préparation. Christian Couzinou est revenu sur la question du numerus clausus, tout en notant que le ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, Emmanuel Macron, "n'en parle plus".
Le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) de mars 2013 sur les professions réglementées, publié par la presse début août et sur lequel le gouvernement avait dit vouloir s'appuyer, prônait la suppression du numerus clausus des chirurgiens-dentistes, notamment "au motif qu'un grand nombre d'entre eux, installés en France, sont désormais formés à l'étranger" (cf APM GBRGF001).
Tout en confirmant que le numerus clausus est "complètement détourné", le président de l'ONCD a jugé que sa suppression menacerait la qualité de l'enseignement dispensé par les universités françaises. Il y a 15 ans, ce plafond était fixé à 800, mais il a atteint 1.200 en 2014 sans que davantage d'enseignants et de matériel ne soient disponibles, a-t-il expliqué.
En 2013, sur 1.430 nouveaux inscrits au tableau de l'ordre, 1.006 (70%) étaient titulaires d'un diplôme français, contre 398 d'un diplôme obtenu dans d'autres pays de l'Union européenne (28%) et 26 d'un diplôme hors UE (2%), selon des données publiées sur le site de l'ONCD. Parmi les diplômes obtenus dans l'UE, hors de France, les pays les plus représentés étaient la Roumanie (205), l'Espagne (96), le Portugal (56) et la Belgique (17).
Cela ne recoupe pas exactement les statistiques par nationalité des inscrits, note-t-on. Les Français étaient 1.030 (contre 921 en 2010), les Roumains 195 (vs 57), les Espagnols 86 (vs 21), les Portugais 55 (vs sept) et les Belges huit (vs 13).
Parmi les primo-inscrits de nationalité française, seulement 45, soit 4,4%, s'étaient formés hors de France. Cependant, cette proportion devrait augmenter dans les prochaines années car environ un millier de Français suivent actuellement des études dentaires à l'étranger, a affirmé Christian Couzinou lors de la conférence de presse. Il a indiqué que cette estimation s'appuyait sur une enquête de l'ordre.
"De jeunes Français ne passent plus par la Paces [première année commune aux études de santé] mais vont directement" à l'étranger pour obtenir leur diplôme, a-t-il pointé. Les études sont souvent "très chères", par exemple 20.000 euros l'année dans une université espagnole, ou 5.000 euros dans une faculté de Roumanie où les cours sont en français. Mais les études durent seulement cinq ans en Roumanie et en Belgique, contre six en France.
"Le problème de la formation dans les autres pays est que chaque Etat garantit la qualité de sa propre formation. Il n'y a aucune agence de contrôle qui va vérifier que la formation est identique dans tous les pays d'Europe", a regretté la présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), Catherine Mojaïsky. "Il nous semble essentiel qu'à partir du moment où il y a libre circulation [des diplômés], il y ait effectivement garantie que la formation est identique".
Les intervenants ont réitéré les critiques formulées par les dentistes sur d'autres points du projet de réforme des professions réglementées, comme le devis à fournir au client pour les prothèses dentaires (cf APM GBRJG003).
INQUIETUDES SUR LA REFORME DES COMPLEMENTAIRES
Catherine Mojaïsky a par ailleurs exprimé les réserves de son syndicat vis-à-vis de la généralisation de la complémentaire santé collective à tous les salariés, prévue d'ici à janvier 2016. "On a des remontées très inquiètes de nombre de nos patients qui nous font savoir que le contrat qu'envisage de prendre leur employeur [prévoira] des prestations complémentaires qui seront bien moins intéressantes" que celles dont ils bénéficient par un contrat individuel ou celui de leur conjoint, a-t-elle rapporté.
La CNSD s'inquiète également de l'article 19 du projet de loi de santé, qui organise un encadrement des tarifs des prestations d'optique et de soins dentaires prothétiques et orthodontiques délivrés aux bénéficiaires de l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS). Cela étendrait un système qui existe déjà pour la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) (cf APM NCRHM003).
Tout en se disant favorable à un meilleur accès aux soins des bénéficiaires de l'ACS, Catherine Mojaïsky a fait valoir que les tarifs CMU-C n'ont pas évolué depuis huit ans. Elle a dit avoir reçu "des promesses" de revalorisation de la part des pouvoirs publics, mais pas encore d'assurance à ce sujet.
Elle a aussi critiqué les modalités de généralisation du tiers payant proposées par le gouvernement (en 2015 pour les bénéficiaires de l'ACS et d'ici à 2017 pour tous les assurés, cf APM MHRKE001). Elle a notamment pointé le refus du ministère de la santé d'inscrire dans les textes une garantie de paiement pour les professionnels, afin d'éviter des impayés.
Elle s'est dite méfiante au sujet des aspects techniques, d'autant que, lors de la mise en place de la classification commune des actes médicaux (CCAM) dentaires au 1er juin, il s'est avéré que "certaines choses ne passent pas en télétransmission", par exemple des localisations de la bouche que Sesam-Vitale ne peut pas prendre en compte.
nc/ab/APM polsan
redaction@apmnews.com
NC0NFPAGB 27/11/2014 19:55 ACTU