à
Monsieur le Premier ministre. François Fillon
Hôtel de Matignon
57 rue de Varenne
75 700 Paris.
Strasbourg, le 25 novembre 2011.
Monsieur le Premier ministre,
le sujet de l'ordre infirmier concerne pas moins de 520 000 professionnels en activité et plus de 60 000 étudiants en formation.
Depuis des années, plus de 80% des infirmières et infirmiers de ce pays refusent d'adhérer et donc de cotiser à cet ordre infirmier qui nous est imposé par la Loi du 21 décembre 2006. Parmi les 20% d'inscrits au fichier national de l'ordre, plus de 10% le sont, contraints par la menace d'un déconventionnement pour les libérales et par l'intimidation pour les jeunes diplômés, à la recherche d'un emploi.
Ainsi plus de 400 000 infirmiers en exercice, dont plus de 250 000 sont membres de la FPH et donc rémunérés par l'État, exercent illégalement.
Nous sommes bien conscients, monsieur le Premier ministre, d'être, modestement, les pivots incontournables du système de Santé à la française, système dont vous et votre Administration êtes les gestionnaires. Nous sommes aussi conscients des responsabilités qui nous incombent, et nous savons, comme vous, qu'il nous est difficile de peser sur les décisions de votre Gouvernement, ne serait-ce qu'au regard de l'obligation de service public et de la continuité des soins.
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RESILIENCE - syndicat infirmier contre l’ordre
Il y a cependant, monsieur le Premier ministre, une liberté dont nous disposons et que jamais vous ne pourrez nous ôter : celle du vote citoyen que nous exercerons lors des prochaines consultations électorales. En promulguant le décret prolongeant le mandat ordinal du cnoi, le 24 novembre 2011, en lieu et place des élections libres et démocratiques qui devaient se tenir, vous avez, monsieur le Premier ministre, porté une atteinte grave à la démocratie que, comme n'importe quelle société professionnelle, nous revendiquons. Cette soumission ordinale que vous voulez continuer à nous imposer est une insulte à notre dignité professionnelle et à notre citoyenneté.
Nous la rejetterons jusqu'à ce que l'abrogation de l'ordre soit publiée au Journal Officiel.
Vous le savez, l'ordre est en graves difficultés financières du fait de sa gestion calamiteuse et irresponsable, parce que justement nous refusons de cautionner son existence. Vous le savez, l'ordre est en grandes difficultés à cause des luttes intestines qui ne cessent de le gangréner de l'intérieur. Vous le savez, l'ordre est incapable de répondre aux missions qui lui sont confiées par le législateur. Ce décret scelle le lien de subordination de l'ordre vis à vis de l'État. La mainmise de la banque ordinale sur les destinées de l'ordre est plus qu'évidente, nous le savons aussi. L'épisode désormais fameux du 29 juillet 2011 est là pour nous le rappeler.
Comme si cela ne suffisait pas, nous apprenons que l'ordre infirmier est maintenant sous la tutelle des ARS dans plusieurs départements. La démission de certains conseillers qui ne veulent plus soutenir ce fonctionnement ordinal affairiste et autoritaire est – elle aussi – durement bafouée car aucune élection participant à un éventuel renouvellement démocratique ne peut être envisagée, avant le 25 novembre 2013.
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RESILIENCE - syndicat infirmier contre l’ordre
La profession infirmière est malade des misères qui lui sont faites. La profession infirmière est en pénurie critique et cette pénurie s'aggrave de jour en jour, avec notamment le dossier de la liquidation des RTT. La profession est devenue repoussante aux yeux des jeunes de notre pays qui en ont bien compris les difficultés, les contraintes et l'insulte de nos maigres salaires.
Nous tenions à vous faire connaître notre fort mécontentement.
Nous vous adressons, monsieur le Premier ministre, nos salutations respectueuses.
Hugues Dechilly,
secrétaire général.
RESILIENCE – 13 rue de Molsheim – 67 000 Strasbourg.
Dernière édition par seringuelectrique le Jeu 31 Mai 2012 - 8:35, édité 1 fois