Les libéraux déplorent les attaques d'Arnaud Montebourg sur les professions réglementées
11/07/14 - 15h24 - HOSPIMEDIA |
En s'attaquant au "monopole" des professions réglementées ce 10 juillet pour la présentation de la feuille de redressement économique de la France, Arnaud Montebourg a suscité une levée de boucliers dans le rang des professions libérales. Elles déplorent un discours démagogique, rappellent leurs garanties et se disent vigilantes pour l'avenir.
À l'occasion de la présentation de la feuille de redressement économique de la France, le 10 juillet, Arnaud Montebourg, ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique, a présenté les grandes lignes de cette politique de soutien de l'appareil productif français d'un montant de 40 milliards d'euros.
Il a notamment annoncé qu'il travaillera tout l'été avec son équipe à une loi de croissance et de pouvoir d'achat qui comprendra une trentaine de mesures destinées à mettre fin aux phénomènes de rentes et de monopoles. Et de prendre en exemple les monopoles des professions protégées et réglementées, dont font partie nombreuses professions de santé libérales (médecins, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers...). Sur ce point seul, le ministre espère restituer l'équivalent de 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français. Il appuie cette orientation par un rapport de l'inspection générale des finances (IGF) sur 37 professions réglementées, qu'il rendra public "le moment venu afin de créer la transparence en ouvrant le débat devant l'opinion publique".
Professions réglementées = garanties, selon l'Unapl
La réaction des professions libérales ne s'est pas fait attendre. Via communiqué, l'Union nationale des professions libérales (Unapl) indique s'opposer "fermement au démembrement des professions réglementées" et "à la déréglementation de certaines" d'entre elles dans le projet de loi sur le redressement économique. "Les termes méprisants employés par le ministre à l'égard de ces professions désignées "boucs-émissaires" et accusées de "capter les revenus des Français" sont inacceptables", écrit l'Unapl. Au contraire, poursuit-elle, les professions réglementées sont "une garantie et une chance pour les consommateurs" car elles obéissent à des règles déontologiques et ne sont sujettes à aucune publicité. Certaines, conventionnées, pratiquent même "des tarifs administrés qui excluent la concurrence par le prix que voudrait stimuler la future loi", souligne l'union. Si évolutions il doit y avoir, elles doivent toucher "tous les acteurs de façon équitable".
Vigilance contre les idées reçues
La présidente de l'Ordre des pharmaciens , Isabelle Adenot, a immédiatement déploré, dans un courrier à l'attention des pharmaciens daté du 10 juillet, la "présentation négative des professions réglementées" par Arnaud Montebourg, qui n'a pour finalité que "d'instaurer la défiance à l'égard de ces professions pour mieux justifier des réformes". Elle rappelle que "les règles des professions réglementées ne sont évidemment pas là pour protéger les professionnels mais au contraire élaborées en faveur de l'usager et de l'intérêt général de la société". Dès lors, "l'Ordre n'acceptera pas de voir brocarder la profession. Il en défendra pied à pied l'honneur si elle était injustement stigmatisée. Dans les mois qui s'annoncent, notre vigilance n'aura d'égale que notre détermination à combattre les idées reçues".
Pouvoirs d'achat versus santé publique
L'Ordre des sages-femmes considère, lui, que "ce qui apparaît comme une bonne chose pour le pouvoir d'achat des Français peut avoir de graves conséquences en termes de santé publique. En effet, seuls les médecins et les sages-femmes sont formés et habilités à pratiquer certains actes médicaux comme la préparation à la naissance, le suivi post-natal... Certaines personnes sans compétences particulières pourraient s'improviser accompagnateur à la naissance et mettre la vie des patients et de leur nouveau-né en danger".
L'ordre des médecins, sollicité, ne souhaite pas ce 11 juillet faire de déclaration.
Pia Hémery
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