La parade s'organise pour trouver des terrains de stage aux étudiants infirmiers refoulés du privé
17/02/14 - 16h58 - HOSPIMEDIA |
Suite à la menace de la FHP de ne plus accueillir d'infirmiers stagiaires à compter du 1er mars 2014, la FHF appelle les chefs d'établissements publics à former ces étudiants mis à la porte. Seulement, la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) craint que certains ne restent "sur le carreau".
Combien d'étudiants infirmiers risquent de se retrouver sans stage au 1er mars 2014, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) ayant décidé de leur fermer la porte pour mieux se faire entendre des pouvoirs publics (lire ci-contre) ? Selon les extrapolations de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), établies lundi 17 février, ils seraient entre 17 000 et 22 000.
"Il y a vraiment une volonté des hôpitaux publics de pousser les murs pour réussir à accueillir les étudiants", relève Karina Durand, la présidente de la Fnesi. Cela suffira-t-il pour autant ? "On a l'impression que pour l'instant, il y a seulement 15% des étudiants concernés, prioritairement les 3es années, qui vont vraiment avoir un stage, donc cela veut dire qu'il y en a quand même un certain nombre qui va rester sur le carreau", estime Karina Durand.
"Ne pas laisser ces étudiants sans solution"
De son côté, la Fédération hospitalière de France (FHF) a fait parvenir la semaine dernière un courrier aux chefs d'établissements sanitaires publics. Dénonçant une fois encore le "mouvement de prise en otage des étudiants infirmiers" engagé par la FHP, elle les a invités "à ouvrir au plus vite le maximum de terrains de stage afin de ne pas laisser ces étudiants sans solution pour leur parcours de formation". Le délégué général de la Fédération, Gérard Vincent, les a également informés que les délégations régionales de la FHF allaient prendre contact avec eux "afin de recenser le nombre de stages pouvant être proposés et en informer ensuite les ARS". Et de conclure : "Je sais pouvoir compter sur votre mobilisation pour que le service public soit, comme toujours, au rendez-vous."
"Aujourd'hui, dans cette période de tensions, les Directeurs des soins (DS) au sein des établissements vont se mobiliser pour voir quels réajustements de leur politique d'accueil ils vont mettre en place pour garantir la formation des étudiants", déclare aussi Stéphane Michaud, le président de l'Association française des directeurs des soins (AFDS). À sa connaissance, les DS en Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) ont déjà pris contact avec les DS en établissements afin de repenser la mise en place des stages. Il s'agit bien là de l'une des missions des DS, coordonnateurs généraux des soins, rappelle l'AFDS : proposer "la définition d'une politique d'accueil et d'encadrement des étudiants et élèves en stage en collaboration avec les directeurs des instituts et écoles de formation".
800 cliniques "en résistance"
Pour sa part, la FHP a fait savoir dans un communiqué le 14 février que les cliniques étaient entrées à plus de 70 % (soit 800 établissements) dans son mouvement de résistance. Selon elle, la mobilisation irait "crescendo". D'après les informations qu'a pu collecter la Fnesi, "il y a quand même des étudiants qui arrivent à avoir leurs conventions", rapporte Karina Durand. Des cadres feraient de la résistance au sein de la résistance... "On navigue malgré tout dans le flou parce que les conventions sont signées maintenant mais au 28 février, on ne sait pas si on va leur dire "ne revenez pas le 1er mars"", précise la présidente de la Fnesi.
Difficultés financières
Les étudiants qui se voient refuser leur convention vont, eux, tenter de se rabattre sur l'hôpital public ou les Ehpad publics, même si ces derniers ont des capacités d'accueil de stagiaires limitées. "En Ehpad, il y a souvent une seule infirmière, donc on ne peut pas y placer beaucoup d'étudiants", remarque Karina Durand. Là où on peut pousser les murs, c'est dans les grands établissements." Sauf que "l'égalité des chances est bafouée puisqu'on est en train d'effectuer un choix entre tel ou tel étudiant à envoyer en stage", dénonce la présidente de la Fnesi. Celle-ci craint également que certains étudiants ne rencontrent des difficultés financières. Les stages risquant d'être décalés à cet été, "il va falloir attendre novembre pour être présenté à un jury, cela veut dire juillet, août, septembre, octobre et novembre sans financement".
Les établissements sanitaires pourraient aussi pâtir de ce décalage, s'il est bel et bien effectif. "Le fait que les diplômés sortent en juillet facilite la politique de recrutement", remarque en effet le président de l'AFDS, Stéphane Michaud.
Sandra Jégu
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