seringatomik a écrit:http://www.actusoins.com/11655/le-syndicat-resilience-fete-ses-2-ans-notre-but-est-de-dezinguer-lordre-infirmier.html
Le syndicat Résilience fête ses 2 ans: « notre but est de dézinguer l’Ordre infirmier »
22 juin 2012 | Malika Surbled | mots clefs : Ordre
Le syndicat Résilience, créé il y a 2 ans en réponse et contre l’Ordre Infirmier, a déjà rassemblé plus de 500 adhérents. Bilan d’une lutte sans fin avec Hugues Dechilly, secrétaire général du syndicat.
Les positions anti-Ordre de Résilience sont très affirmées. Vous revendiquez entre autres une « désobéissance éthique face à l’injustice ordinale » et une « insoumission aux règles ».
Vous vous comparez même à un mouvement résistant et pour Résilience, aucune concession n’est possible. Pourquoi être si radical?
Nous pensons qu’un ordre professionnel n’a aucune raison d’exister, notamment parce qu’il y a déjà des dispositifs réglementaires dans le public comme dans le privé, qui permettent de sanctionner les agents.
Il s’avère qu’en plus, l’Ordre infirmier représente une véritable mafia dans laquelle règnent d’énormes conflits d’intérêts. Tout comme l’Ordre des kinésithérapeutes, qui nous permet d’avoir davantage de recul sur ces organisations, l’Ordre infirmier a un fonctionnement opaque et farfelu.
Il faut savoir que les leaders ordinaux cumulent des fonctions ordinales, syndicales et associatives. C’est ainsi qu’ils font la pluie et le beau temps dans leur région ou leur département et qu’ils favorisent leurs propres intérêts ou ceux de leur réseau. Par exemple, ils peuvent facilement attribuer les affectations de secteurs pour les infirmiers libéraux et donc se favoriser.
Nous avons aussi, en 2 années d’existence, des dizaines de dossiers qui prouvent que le positionnement ordinal va à l’encontre des professionnels de terrain et des réglementations en vigueur.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret de ce que vous avancez ?
Le dossier le plus récent est plutôt choquant, mais pas inhabituel. À Marseille, une infirmière française ayant un diplôme italien, s’est installée dans un cabinet libéral sans avoir l’expérience hospitalière requise. Puis, elle a décidé de faire travailler d’autres infirmières dans son cabinet en s’attribuant une partie de leurs actes.
Elle ne travaillait donc plus et facturait à son compte l’activité de ses collègues. C’est totalement illégal, mais le l’Ordre infirmier régional a couvert ces pratiques car il y avait conflit d’intérêt pour un, voire plusieurs représentants. Tout ça n’est qu’une affaire de gros sous.
Régulièrement, vous réagissez aux articles de nos journalistes et aux commentaires de nos lecteurs. Loin des sujets ordinaux pour lesquels Résilience a initialement été fondé, vous vous positionnez également contre toutes les réformes en cours. Vous critiquez aussi les représentants infirmiers, la nouvelle formation des étudiants et le passage en catégorie A. N’avez-vous pas peur de vous mettre à dos une partie de la communauté infirmière en étant systématiquement dans l’opposition?
Le but premier de Résilience est de dézinguer l’ordre infirmier. Mais bien évidemment, comme nous sommes un syndicat professionnel ayant pour vocation la défense des infirmiers et des infirmières, nous nous positionnons aussi sur d’autres sujets. Contrairement à d’autres membres de syndicats qui ne savent plus de quoi ils parlent, tous les adhérents de Résilience sont des soignants en poste à temps plein.
Nous estimons donc avoir la légitimité pour donner notre avis. Nous dénonçons beaucoup, certes. En revanche, nous avons beaucoup de propositions concrètes et nos critiques ne sont ni fermées, ni bêtes, ni têtues. Cette opposition aux réformes est constructive et c’est pour cela que je ne pense pas que l’on puisse se mettre à dos la communauté infirmière. Seul l’Ordre ne nous cautionne pas, puisque nous nous évertuons à le détruire.
Voici deux ans que vous menez votre combat anti-Ordre. Quelles actions ont été mises en place et quels sont vos projets de développement pour Résilience ?
La première action de Résilience est d’informer les infirmiers car nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de désinformation qui circulait. Pour cela, nous avons une force de frappe très importante sur internet et nous envoyons des dizaines de milliers de mails par jour pour informer les professionnels, les parlementaires et les médias.
Si l’Ordre infirmier finissait par tomber, Résilience aurait-il toujours lieu d’exister ?
Il faut savoir que l’actuelle ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, s’est prononcée contre l’Ordre. Nous attendons donc beaucoup du nouveau gouvernement. Néanmoins, cela risque d’être long et il faudra faire en sorte d’abroger la loi. Si nous arrivons à cette victoire, nous aurons toujours lieu d’exister. En effet, nos statuts couvrent bien d’autres causes et nous sommes le seul syndicat infirmier qui a su rassembler les salariés et les libéraux.
Propos recueillis par Malika Surbled