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Lesinfirmières Encolère
Exclusif Lesinfirmières Encolère : ce dimanche 01 mars, nous diffusons une interview de notre collègue infirmier Hugues Dechilly, secrétaire général du syndicat infirmier Résilience, syndicat qui lutte très activement contre l'ordre infirmier et qui est convoqué au TGI de Paris la semaine prochaine :
Lesinfirmières Encolère : Bonjour. Vous êtes donc Hugues Dechilly, infirmier au CHU de Strasbourg et accessoirement responsable du syndicat infirmier qui lutte contre l’Ordre national infirmier, syndicat plus connu sous le nom de Résilience. Pourquoi ce nom Résilience ?
Hugues Dechilly : Vous connaissez la signification du terme Résilience. Vous avez donc la réponse. Pour le reste, contrairement aux dirigeants de l’ordre infirmier, nous exerçons à temps plein et la gestion de Résilience se fait bénévolement, par mes collègues et moi, sur notre temps personnel.
Lesinfirmières Encolère : Mais encore ?
Hugues Dechilly : Mes collègues fondateurs et moi avons, il est vrai, hésité entre Résilience et Résistance. Mais les deux concepts sont tout à fait acceptables pour qualifier l’esprit qui nous anime, aux côtés des centaines de milliers de collègues infirmières insoumises et non inscrites, non cotisantes à cet ordre infirmier (à la demande expresse d’Hugues Dechilly, on écrit ordre en minuscule, l’Oni ne « méritant pas la majuscule ») pour combattre un ordre professionnel que jamais nous n’avons demandé. Un gros mensonge ordinal a fait croire à des « députés naïfs » en 2006 que 92% de la profession était en faveur d’un ordre. Comme nous, les chiffres sont têtus et depuis la publication au Journal Officiel de la loi du 21/12/2006, à chaque consultation du corps infirmier c’est toujours plus de 80% de rejets sous diverses formes. Pour mémoire, en 2008, il était déjà impossible de voter non et l’ordre n’a recueilli que 13,84% de votes. L’existence même des ordres professionnels est anachronique et incompatible avec l’Esprit des Lois, si cher au Marquis de Montesquieu et de la séparation des pouvoirs. La Constitution est basée sur la séparation des 3 pouvoirs, des 4 si on y ajoute le pouvoir de la presse. Les ordres professionnels cumulent les 3 pouvoirs que sont les chambres disciplinaires, le code de déontologie heureusement non publié au Journal Officiel et autres textes ordinaux, et, le conseil national de l’ordre infirmier qui se croit investit du seul pouvoir de police pour gouverner la profession.
Lesinfirmières Encolère : Cette convocation en correctionnelle au tribunal de grande instance de Paris, la semaine prochaine, elle est la conséquence de quoi ?
Hugues Dechilly : Il s’agit, une fois de plus, d’une manœuvre ordinale visant à essayer de faire taire Résilience qui depuis le début de sa croisade anti ordre poursuit 3 objectifs bien précis qui sont pour le premier, l’information à l’ensemble des professionnelles et des étudiants des agissements souvent opaques des dirigeants ordinaux dont monsieur Borniche est membre de la direction depuis 2008, d’abord comme vice-président puis comme président depuis fin juillet 2011. Le deuxième objectif est de défendre les adhérentes infirmières et podologues (nous avons ouvert les statuts de Résilience aux podologues peu nombreux) en prise avec leurs ordres respectifs. Le troisième et dernier objectif étant d’attaquer l’ordre devant les tribunaux et les autres instances de la République lorsque l’occasion nous en est fournie par l’ordre. Une première fois l’ordre a été débouté de sa plainte contre Résilience à Paris pour injures. Et comme à chaque fois, l’ordre fait convoquer Résilience ET Hugues Dechilly, nous avons droit à deux jugements dans la même affaire. A Paris, j’ai été condamné à 1 euro et 50 euros d’amendes avec sursis. Puis nous avons été convoqués à Marseille, la même année et l’ordre a été débouté contre Résilience en appel à Aix en Provence pour diffamation, moi j’ai été condamné à plus de 6000 euros d’amendes et de frais diverses et variés. Pour cette fois, je ne commente jamais une affaire en cours et Résilience et moi réservons à la justice et à l’ordre infirmier le fruit de nos travaux et de nos réflexions. Et croyez-moi, nous avons beaucoup travaillé le sujet !
Lesinfirmières Encolère : Depuis presque 5 ans, Résilience se bat au quotidien, presque 24/7 contre l’ordre infirmier. Vous avez du accumuler une sacrée base de données et des milliers d’informations ? Vous les avez obtenu comment ?
Hugues Dechilly : Oui nous avons en stock des dizaines de plaintes que les infirmières et les infirmiers nous ont communiqué sur la base du volontariat, comme l’est d’ailleurs l’adhésion à Résilience, contrairement à l’obligation de s’inscrire et de cotiser à l’Oni. Nous avons toujours aidé les infirmières concernées et nous avons encore, malheureusement, beaucoup de dossiers en cours, en plus de ceux qui sont initiés directement par Résilience. Mais contrairement à l’ordre infirmier qui est soutenu abusivement par la banque qui lui a prêté 19 millions en 2008, nos moyens sont très limités. Jamais en 5 années de combat l’ordre infirmier n’a pu dire ou écrire que les infos que nous diffusions étaient fausses. Nous avons toujours pris soin de vérifier nos infos, un peu comme les journalistes.
Lesinfirmières Encolère : Résilience a combien d’adhérents 5 ans après ?
Hugues Dechilly : Plusieurs centaines avec des hauts et des bas comme dans toutes les organisations syndicales, répartis sur l’ensemble du territoire, y compris dans les DOM TOM. Et surtout, nous avons des milliers de sympathisants qui nous aident à diffuser les infos sur les réseaux sociaux et qui nous fournissent en infos. Nous avons toujours dit que le but n’était pas de marcher sur les plates-bandes et les chasses gardées des centrales syndicales qui d’ailleurs ne nous font pas de cadeaux. Nous avons créé un syndicat infirmier pour défendre les infirmières avec des infirmières de terrains qui connaissent la réalité et pas des permanents syndicaux dont certains n’ont pas vu un patient depuis plus de 10 ans. Il est aussi à noter que les responsables ordinaux sont souvent, chez les libéraux, ceux-là même qui cumulent sans honte les responsabilités syndicales, ordinales et / ou associatives dans les régions et les départements ! Pour exemple, monsieur Borniche, président national de l’ordre « auto réélu » en novembre 2013, qui sera normalement arrivé à la retraite en mai prochain continue à travailler sur un poste à 20% en dialyse au CHU de Rouen. Il est aussi vice-président d’une grosse association infirmière de dialyse, affaire familiale. Plus secrétaire de l’association européenne des ordres infirmiers à Bruxelles, plus membre du Sidiief à Montréal, etc. Monsieur Amouroux, président de l’ordre parisien est aussi permanent syndical à temps à l’APHP et siège dans de nombreuses commissions au ministère de la Santé. Dernièrement dans l’affaire de « l’étudiant infirmier et chef terroriste », il n’a pas eu de mots assez durs contre sa hiérarchie hospitalière en se plaçant sur un positionnement ordinal.
Lesinfirmières Encolère : Et l’ordre infirmier, il en est où selon vos renseignements ?
Hugues Dechilly : L’ordre infirmier ne communique que lorsque cela sert ses intérêts ou quand l’actualité lui donne l’opportunité de surfer sur la vague médiatique avec parfois des prises de positions qui frisent la schizophrénie. Financièrement, l’ordre continue à rembourser ses dettes avec l’argent des cotisations des IDEL et des nouveaux diplômés. Il est dépendant de l’accord qui le lie à sa banque, accord validé par le tribunal de commerce de Paris en décembre 2011. La même année en 2011, l’ordre est mort deux fois et à deux reprises les pouvoirs publics l’ont réanimé. En juillet 2011, l’ordre alors en cessation de paiement, monsieur Borniche ayant pris la suite des deux présidents démissionnaires en moins de 3 semaines, a fait jouer ses relations et a obtenu que la banque suspende la liquidation financière de l’ordre. L’épisode du fax envoyé en pleine nuit à l’Élysée est mémorable. Merci qui ? Comme est tout aussi mémorable et honteux le décret publié en novembre 2011 et signé messieurs Fillon et Bertrand qui prolongeait de 2 ans l’ordre national et les chambres disciplinaires la veille de la mort administrative de l’ordre. Merci qui ? Récemment, en novembre 2014, monsieur Borniche était à bord de l’avion du président Hollande à l’occasion de la visite officielle au Canada. Merci qui ? Puis il y a 3 semaines reçu à Matignon. Merci qui ? Tout cela me fait dire que l UMPS, un terme à la mode, est de mèche avec les forces occultes qui ont tout à perdre si d’aventure, l’ordre venait à couler. Elle est belle l’indépendance revendiquée de la profession ! Posez-vous les bonnes questions !
Lesinfirmières Encolère : Ah bon ? Vous pouvez préciser votre pensée ?
Hugues Dechilly : Quand vous savez que la banque qui a prêté 19 millions à l’ordre sans aucune autre contrepartie que la bonne foi de la première présidente est la même banque que celle des autres ordres paramédicaux, que celle de beaucoup d’infirmiers libéraux et/ou syndicats IDEL, que les opposants des autres ordres attendent que l’ordre infirmier tombe pour embrayer. Que les politiques, à commencer par le premier d’entre eux, nous ont trahit car autrefois opposants ils n’avaient pas de mots assez durs contre les ordres (nous avons gardé leurs écrits !) et qu’aujourd’hui ils voyagent ensemble dans l’avion présidentiel, que les députés socialistes n’ont, deux ans après, toujours pas tranché dans le vif du sujet ( ?) et publié le résultat de leurs auditions auxquelles Résilience était convié à l’Assemblée Nationale, que la ministre de la Santé a entre les mains un rapport explosif de l’IGAS sur l’ordre des kinés quelle se refuse à publier, que la même ministre de la Santé est entrain de batailler/pinailler depuis plus de 18 mois avec nos collègues kinés du syndicat Alize qui ont obtenu un jugement du Conseil d’État enjoignant le Gouvernement à publier les décrets qui ne l’ont jamais été concernant l’inscription automatique au tableau, que les ordres médicaux bien implantés au sein même des assemblées, députés et sénateurs relais, ne laisseront jamais passer une loi qui rendrait facultatif l’ordre infirmier, signant par la même son arrêt de mort financière, etc, etc, etc. Et je ne peux pas vous parler des plaintes toujours en cours d’instruction que Résilience a déposé aux 4 coins de la France, soit directement contre l’ordre, soit contre certains de ses dirigeants les plus zélés.
Lesinfirmières Encolère : A Marseille vous avez été condamné car vous avez qualifié l’ordre régional et local de mafia. Vous confirmez ?
Hugues Dechilly : J’ai été condamné en appel à Aix mais le syndicat Résilience a été mis hors de cause pour la diffamation. On nous reprochait effectivement de parler de mafia. Dernièrement, nous avons appris que les locaux parisiens d’un syndicat IDEL avaient été « contrôlés » par la CNIL il y a tout juste un an. Partie prenante dans ce dossier Résilience attend avec gourmandise que les conclusions soient rendues publiques.
Lesinfirmières Encolère : Vous voyez comment l’avenir de l’ordre infirmier après tout ce que vous venez de nous raconter ?
Hugues Dechilly : Monsieur Borniche a dit, dès le début de sa première présidence, qu’il fallait cibler les IDEL et les jeunes diplômés pour redonner de l’air à l’ordre et le maintenir en vie. Le meilleur allié de l’ordre et de tous ceux qui ont intérêt à le maintenir en vie est le temps qui passe et qui fait que les opposants historiques partiront progressivement à la retraite pour laisser la place aux jeunes plus malléables. Si vous reprenez toutes les déclarations de la FNESI sur le sujet, vous pouvez penser que monsieur Borniche est en passe de gagner son pari. Idem avec les IDEL qui sont menacées de dé conventionnement si elles ne présentent pas leur adhésion ordinale à jour. C’est ainsi que monsieur Borniche peut annoncer des chiffres, certes non vérifiables, en hausse constante et avec moitié IDEL et moitié salarié. Chiffres invérifiables comme les bilans financiers 2013 présentés en … novembre 2014 et faisant apparaitre 3 millions de bénéfices quand on sait que l’ordre est encore endetté d’au moins 6 millions ! Quant à l’objectivité de la presse professionnelle infirmière ces dernières semaines : mdrrr.
Lesinfirmières Encolère : Et l’avenir de Résilience ? Et votre avenir ?
Hugues Dechilly : Résilience est un jeune syndicat infirmier qui a déjà 5 ans et que certains avaient déjà enterré à la naissance. Je ne suis pas là pour parler de mon avenir mais de Résilience qui a besoin du soutien du plus grand nombre, au service de l’intérêt commun contre les intérêts qui sont tout, sauf infirmier ! Une heure d’avocat coûte 500 euros !
Lesinfirmières Encolère : Pour terminer, vous pensez quoi de l’avenir de la profession infirmière ?
Hugues Dechilly : Vaste sujet que celui de l’avenir d’une profession qui compte plus de 600000 personnes en exercice et plus de 90000 étudiants en cours de formation et au-delà, de l’avenir de la prise en charge sanitaire de la population. En commençant justement par la formation actuelle en IFSI, il y a beaucoup à dire mais pour résumer il faut absolument, et je pèse mes mots, modifier le contenu pour revenir aux fondamentaux infirmiers qui sont actuellement noyés dans une nébuleuse universitaire incompréhensible des étudiants eux même. Sur la forme, il est impératif de revenir à des stages plus courts et plus diversifiés afin de donner aux étudiantes une vision plus complète de la diversité infirmière, ce qui en fait sa richesse. On ne poursuit pas un cursus infirmier comme on fait du droit ou de la sociologie mais malheureusement, c’est bel et bien la voie empruntée depuis 2009 par cette nouvelle formation. Ajoutez à cela la misère infirmière qui règne actuellement dans les services de soins et vous avez tous les éléments pour continuer à enterrer une profession au profit d’autres critères, essentiellement économiques et surtout financiers. Toujours dans le cadre de la formation, les possibilités de continuer, comme cela est inscrit dans les obligations infirmières réglementaires, à se former une fois diplômée sont devenues obsolètes pour ne pas dire presque inexistantes. Des filières universitaires mises en place ont ainsi été abandonnées faute de participantes en nombre suffisant car plutôt que de financer une formation longue à ses infirmières, un employeur ne voit que la rentabilité immédiate et financière que peut lui rapporter une soignante. Les hôpitaux et les cliniques sont gérés, à flux tendu, comme des entreprises où la sous traitance prend de plus en plus d’importance. La dimension humaine est devenue le parent pauvre des unités de soins, tant entre les soignés et les soignants qu’entre les soignants eux même. Les managers du soin ne fonctionnent qu’avec des business plan au sein desquels les soignants sont des matricules et les soignés des clients. La qualité et la sécurité des soins est désormais un concept qui ne fait plus partie de la réflexion des dirigeants hospitaliers. Quand on voit comment est gérée une épidémie de grippe ces dernières semaines, avec des annonces politiques et des « plans machins » qui n’ont d’existence que sur le papier, cela fait réfléchir et cela fait peur. Cet épisode 2015 de grippe a eu les mêmes conséquences sur la population que la catastrophe sanitaire de 2003 : une surmortalité, certes dans une moindre mesure mais avec les mêmes paramètres et embouteillage des services d’urgence. Quand on écoute les responsables des pompes funèbres ou ceux qui sont chargés de la mise en place des cérémonies religieuses on entend les mêmes commentaires qu’en 2003 ! Imaginez ce qui pourrait se passer si demain la France était confrontée à une véritable épidémie d’envergure internationale, face à un nouveau virus, sans vaccin ou remède connu pour pouvoir l’endiguer ? Chaque personne qui voyage est devenue potentiellement un vecteur de contamination dans son entourage immédiat. L’apparition et les dégâts causés par le chikungunya en Polynésie en est un bon exemple. Une fois de plus, les professionnels de terrain ont tiré la sonnette d’alarme comme en 2003 mais les autorités de tutelle ont mis 3 semaines à réagir. Résultats, vous avez des soignants épuisés car eux même malades de la grippe, leurs collègues épuisés car toujours plus sollicités pour remplacer au pied levé les absents, le tout sur un soit disant trop plein et de saturation du marché de l’emploi infirmier, si on écoute les oisillons de mauvaise augure qui ont l’oreille de la sphère politique et qui voudraient nous donner la marche à suivre avant même d’avoir obtenu leur diplôme et d’avoir commencé à travailler. La réalité est qu’à force de rationner les infirmières dans les services de soins, on appauvrit la qualité et la sécurité des soins délivrés aux patients. Beaucoup de collègues rentrent chez elles une fois la journée terminée avec le sentiment du travail inachevé, journée passée à régler des problèmes souvent administratifs qui n’ont rien à voir avec le soin, ce pourquoi elles ont été formées. La violence institutionnelle envers les soignants est ainsi devenue le premier danger. Danger insidieux mais danger qui fait des ravages au quotidien et qui participe de cette dégradation misérable d’un environnement qui pourtant devrait être sécurisé. Ajoutez à tout cela le fait que la contestation et la mobilisation des infirmières et des autres professions soignantes est nulle ou presque, et vous avez un enterrement de première classe, pendant que les financiers continuent à faire toujours plus de profits sur le dos des patients et des blouses blanches.