http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2015/02/11/une-infirmiere-condamnee-pour-violences-sur-des-patients,1232503.php
Pau : une infirmière condamnée pour violences sur des patients
Par Bruno Robaly
L'hôpital fait partie des lieux où nous avons besoin d'avoir confiance, or vous avez trahi cette confiance" : la juge regarde droit dans les yeux une jeune infirmière de 25 ans, poursuivie ce mardi en correctionnelle pour des violences commises sur des personnes vulnérables - des patients totalement dépendants de l'unité des Amandiers du Centre hospitalier spécialisé des Pyrénées (CHP) - mais aussi pour le vol (1) de laxatifs au sein de cet établissement, entre mars et mai dernier. Elle a depuis démissionné et galère désormais de mission en mission.
Elle perd 60 kg en un an
La juge rappelle les faits signalés par la direction du CHP : une piqûre intramusculaire faite dans l'abdomen ("Je pensais bien faire pour soulager"), deux claques derrière la tête d'une patiente qui ne mangeait pas, une gifle à un malade qui ne voulait pas monter son pantalon, un patient saisi par les oreilles et d'autres "gavés" (cinq bouillies pour un goûter)…
À la barre, la jeune femme nie la plupart des faits, en minimise d'autres (le vol de laxatifs, par exemple). "J'avais peut-être des gestes un peu trop vifs, pour me dégager, mais je n'ai jamais frappé un patient", soutient-elle. Ce petit gabarit parle de son régime - "J'ai perdu 60 kg en un an", passant de 108 à 48 kg, ce qui peut entraîner des troubles du comportement et de l'irritabilité - ou de la peur qu'elle avait de ne pas être capable de s'occuper de déficients mentaux ("Je ne voulais pas être dans cette unité…").
La prévenue regrette plus "l'ampleur qu'a pris cette affaire qui l'a conduite devant le tribunal" que les faits en eux-mêmes. La maman d'une des victimes, un jeune autiste de 31 ans, livre un témoignage poignant. Aujourd'hui encore, elle reste bouleversée : "Je ne veux plus que cette jeune femme soit en contact avec des personnes vulnérables !"
"Pas capable d'exercer"
Pour le procureur Jeanne François aussi, la prévenue "n'est pas capable d'exercer cette profession" : "Elle ne reconnaît pas les faits : elle est incapable de se remettre en question."
Me Thierry Sagardoytho, pour la défense, s'interroge quant à lui sur le " fonctionnement du service" et fustige "le comportement hypocrite de la direction du CHP" : "Pourquoi a-t-on affecté dans cette unité, qui accueille les cas les plus lourds, une jeune débutante qui n'était pas titulaire, qui n'avait eu son diplôme d'État d'infirmière que six mois auparavant ? Elle aurait dû être formée et encadrée."
Me Sagardoytho fait la différence entre des violences et les "gestes inappropriés" ou les "réflexes mal appris ou mal enseignés" qu'il prête à sa cliente. "Il aurait fallu une expertise psychologique pour évaluer sa dangerosité et son aptitude à cet emploi avant de requérir l'interdiction d'exercer" - qu'il conteste.
Le tribunal entend ces arguments et reste en deçà des réquisitions. L'infirmière est condamnée à trois mois de prison avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve lui imposant de se soigner et d'indemniser deux parties civiles (1 000 € chacune). Il lui est également interdit d'exercer son métier pendant un an. "Vous ne pouvez pas rester dans le déni : il y a des services qui ne sont pas pour vous…", conclut la présidente.
(1) Un délit commis "par personne chargée de mission de service public à l'occasion de l'exercice de sa mission".
Pau : une infirmière condamnée pour violences sur des patients
Par Bruno Robaly
L'hôpital fait partie des lieux où nous avons besoin d'avoir confiance, or vous avez trahi cette confiance" : la juge regarde droit dans les yeux une jeune infirmière de 25 ans, poursuivie ce mardi en correctionnelle pour des violences commises sur des personnes vulnérables - des patients totalement dépendants de l'unité des Amandiers du Centre hospitalier spécialisé des Pyrénées (CHP) - mais aussi pour le vol (1) de laxatifs au sein de cet établissement, entre mars et mai dernier. Elle a depuis démissionné et galère désormais de mission en mission.
Elle perd 60 kg en un an
La juge rappelle les faits signalés par la direction du CHP : une piqûre intramusculaire faite dans l'abdomen ("Je pensais bien faire pour soulager"), deux claques derrière la tête d'une patiente qui ne mangeait pas, une gifle à un malade qui ne voulait pas monter son pantalon, un patient saisi par les oreilles et d'autres "gavés" (cinq bouillies pour un goûter)…
À la barre, la jeune femme nie la plupart des faits, en minimise d'autres (le vol de laxatifs, par exemple). "J'avais peut-être des gestes un peu trop vifs, pour me dégager, mais je n'ai jamais frappé un patient", soutient-elle. Ce petit gabarit parle de son régime - "J'ai perdu 60 kg en un an", passant de 108 à 48 kg, ce qui peut entraîner des troubles du comportement et de l'irritabilité - ou de la peur qu'elle avait de ne pas être capable de s'occuper de déficients mentaux ("Je ne voulais pas être dans cette unité…").
La prévenue regrette plus "l'ampleur qu'a pris cette affaire qui l'a conduite devant le tribunal" que les faits en eux-mêmes. La maman d'une des victimes, un jeune autiste de 31 ans, livre un témoignage poignant. Aujourd'hui encore, elle reste bouleversée : "Je ne veux plus que cette jeune femme soit en contact avec des personnes vulnérables !"
"Pas capable d'exercer"
Pour le procureur Jeanne François aussi, la prévenue "n'est pas capable d'exercer cette profession" : "Elle ne reconnaît pas les faits : elle est incapable de se remettre en question."
Me Thierry Sagardoytho, pour la défense, s'interroge quant à lui sur le " fonctionnement du service" et fustige "le comportement hypocrite de la direction du CHP" : "Pourquoi a-t-on affecté dans cette unité, qui accueille les cas les plus lourds, une jeune débutante qui n'était pas titulaire, qui n'avait eu son diplôme d'État d'infirmière que six mois auparavant ? Elle aurait dû être formée et encadrée."
Me Sagardoytho fait la différence entre des violences et les "gestes inappropriés" ou les "réflexes mal appris ou mal enseignés" qu'il prête à sa cliente. "Il aurait fallu une expertise psychologique pour évaluer sa dangerosité et son aptitude à cet emploi avant de requérir l'interdiction d'exercer" - qu'il conteste.
Le tribunal entend ces arguments et reste en deçà des réquisitions. L'infirmière est condamnée à trois mois de prison avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve lui imposant de se soigner et d'indemniser deux parties civiles (1 000 € chacune). Il lui est également interdit d'exercer son métier pendant un an. "Vous ne pouvez pas rester dans le déni : il y a des services qui ne sont pas pour vous…", conclut la présidente.
(1) Un délit commis "par personne chargée de mission de service public à l'occasion de l'exercice de sa mission".