Vendredi 20 février 2015 - 09:04
Epidémie de grippe: Marisol Touraine déclenche le plan Orsan épidémie
PARIS, 20 février 2015 (APM) - La ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Marisol Touraine, a déclenché jeudi le plan national Orsan (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) épidémie pour faire face à l'épidémie de grippe saisonnière, a annoncé le ministère jeudi soir dans un communiqué.
Plusieurs instructions ont été adressées en janvier et février aux agences régionales de santé (ARS) et aux établissements de santé pour faire face à l'épidémie de grippe saisonnière, qui a déjà touché plus de 2 millions de personnes et dont le pic n'est pas encore atteint.
Avec ce plan Orsan, décliné au niveau régional, la ministre demande aux ARS, en lien avec les acteurs du secteur sanitaire et social, de renforcer les actions déjà mises en oeuvre.
Le plan vise à mobiliser "le secteur ambulatoire (médecine libérale) pour favoriser au maximum la prise en charge ambulatoire des malades et ne recourir à l'hospitalisation que pour les situations d'urgences le nécessitant". A cet effet, des recommandations concernant la prise en charge et le traitement des cas de grippe ont déjà été diffusées.
L'ensemble des établissements de santé doivent être mobilisés, "y compris les établissements privés", pour accompagner la mise en oeuvre des dispositifs de réponse aux situations sanitaires exceptionnelles. Il s'agit du dispositif "hôpital en tension" et, le cas échéant, des plans blancs, rappelle le ministère.
Ces dispositifs doivent permettre de déprogrammer des activités non indispensables, d'ouvrir des lits supplémentaires, de rappeler des personnels et de renforcer ponctuellement les équipes de professionnels de santé dans les établissements en difficulté.
Enfin, la ministre demande la mobilisation du secteur médico-social pour "assurer la prise en charge sur place des malades dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)".
Elle salue par ailleurs "l'important travail accompli depuis plusieurs semaines par les professionnels de santé, à la fois en ville pour prendre en charge de très nombreux malades et à l'hôpital pour soigner les cas les plus graves".
Interrogée vendredi matin sur France info, Marisol Touraine a observé qu'il y avait "des endroits où des organisations particulières ont d'ores et déjà été mises en place mais [que] ça n'[était] pas le cas dans tous les établissements hospitaliers".
"Ce plan Orsan épidémie facilite la mise en place [...] des bons circuits, de la déprogrammation de certaines interventions qui étaient prévues depuis un certain temps et qui doivent être décalées dans le temps pour permettre que des lits soient disponibles pour les personnes qui arrivent aux urgences et ensuite doivent être hospitalisées", a-t-elle ajouté.
Dans un communiqué diffusé jeudi après-midi, le CHU de Nîmes a annoncé le passage au niveau 3 du plan "hôpital en tension" pour faire face à la forte affluence de patients observée au service d'accueil des urgences. Depuis lundi, 680 patients ont été hospitalisés (soit plus de 20 patients par jour au-dessus de la moyenne habituelle) dont environ 10% atteints du virus de la grippe, observe la direction générale.
Elle évoque également des réunions quotidiennes d'une cellule de gestion des lits, composée du directeur de la clientèle, du médecin responsable du service des urgences et des cadres de santé des différents services de l'établissement, sous l'autorité de la directrice générale et du président de la commission médicale d'établissement (CME), pour faire un point sur les lits disponibles.
L'Institut de veille sanitaire (InVS) indiquait dans son bulletin hebdomadaire grippe publié mercredi qu'il y avait eu 2,1 millions de cas depuis le début de l'épidémie.
Il rapportait à partir du réseau Oscour* (qui représente 88% de l'ensemble des passages aux urgences en France métropolitaine) 5.678 passages pour grippe la semaine dernière (+6% par rapport à la semaine précédente), dont 660 hospitalisations (+24%). L'augmentation des passages et des hospitalisations portait toujours sur les personnes de 65 ans et plus qui représentent 50% des personnes hospitalisées pour grippe.
ALERTE DE LA CGT ET DE L'AMUF
L'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) avait alerté jeudi en début de soirée sur la situation sanitaire catastrophique des services d'urgences, dans un communiqué.
Le syndicat s'inquiétait alors de l'absence de prise de décision face aux chiffres de saturation des urgences. "Les malades souvent âgés ou polypathologiques attendent aux urgences, l'épidémie de grippe s'ajoutant à nos difficultés quotidiennes", déplorait-il en réclamant la réouverture immédiate de lits dans les hôpitaux.
"Il faut que la classe politique dans son ensemble se rende compte des difficultés que les professionnels de santé comme les malades rencontrent aujourd'hui", soulignait le syndicat.
Dans un communiqué diffusé mardi, la fédération CGT-action sociale alertait déjà sur la situation.
Face à cette épidémie de grippe sévère comme il y en a tous les quatre ou cinq ans, de façon prévisible, "les hôpitaux n'arrivent plus à réponde aux besoins de la population et des patients en grand nombre passent des journées entières sur des brancards dans les services d'urgence faute de lits", observait-elle. "Les personnels, toutes catégories confondues, sont épuisés et en colère".
La CGT santé et action sociale exigeait alors "un moratoire à toutes les fermetures programmées et un collectif budgétaire pour répondre à cette situation afin d'embaucher des personnels et de rouvrir des lits".
cb/nc/ld/APM polsan
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