L'ordre des médecins réclame une vaste refonte du projet de loi de santé
PARIS, 13 novembre 2014 (APM) - Le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) réclame dans un communiqué jeudi une vaste refonte du projet de loi de santé et formule 15 principes qu'il souhaite voir pris en compte.
Après en avoir délibéré en session exceptionnelle le jeudi 6 novembre, le Cnom "a confirmé à l'unanimité que le projet de loi santé n'était pas acceptable en l'état", rapporte-t-il dans ce communiqué de trois pages.
L'instance "regrette que le texte présenté n'apporte pas les réponses aux problèmes rencontrés par les médecins dans leur pratique, ni aux attentes des usagers dans les territoires, et propose une vision très administrative de l'organisation des soins".
Déplorant que le projet de loi "ne reprenne pas les éléments de la concertation initiale", l'ordre demande "une nouvelle concertation" avant que le texte soit inscrit à l'ordre du jour du Parlement. "Cette concertation doit être menée rapidement entre les services du ministère de la santé, les organisations professionnelles et ordinales des professions de santé, des établissements de santé et des établissements médico-sociaux et les usagers", plaide-t-il.
En octobre, le président de la République, François Hollande, et la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Marisol Touraine, avaient déjà promis une nouvelle concertation avant le début de l'examen du texte à l'Assemblée nationale, prévu à partir de janvier 2015, rappelle-t-on (cf APM NCRJG002 et APM VGRJF002).
Le Cnom formule 15 observations sur le projet de loi.
Il s'en prend à la possibilité de négocier une adaptation régionale des conventions nationales avec l'assurance maladie, prévue par le texte, affirmant que les dispositions de la convention des médecins libéraux "doivent s'appliquer sur l'ensemble des territoires de santé".
Il accuse le projet de loi de promouvoir "une planification étatique" et demande à ne pas "placer sur un territoire de santé le secteur de l'hospitalisation privée et l'exercice ambulatoire de la médecine libérale sous la tutelle purement administrative de l'ARS" (agence régionale de santé). "Le schéma régional de santé ne peut être arrêté sans la consultation publique préalable de leurs organisations représentatives", fait-il valoir.
S'agissant des groupements hospitaliers de territoire (GHT) et de la gouvernance des établissements publics, les professionnels de santé qui y exercent "doivent être consultés en amont de la préparation des orientations envisagées par les chefs d'établissements et la direction de l'ARS", avertit le Cnom.
Il demande aussi une "consultation obligatoire des organisations représentatives et ordinales des professionnels de santé et celles des usagers dans les décisions structurantes des directions des ARS".
L'ordre réclame une concertation sur les transferts d'actes médicaux à d'autres professions (le projet de loi crée le cadre d'une pratique avancée des professionnels paramédicaux, ndlr) et "une analyse soigneuse des conséquences que cela entraîne".
Il prône un allègement des "tâches administratives" ou des "contrôles" qui visent les médecins, et plaide pour que le statut des médecins qui effectuent des missions de service public soit "précisé avec les protections sociales et juridiques qui doivent y être associées".
CRITIQUES SUR LE TIERS PAYANT ET LES DONNEES DE SANTE
Au sujet de la généralisation du tiers payant, il estime que "ce mode de rémunération ne [doit pas entraîner] un assujettissement obligatoire" des médecins, "hormis les situations de dispense d'avance de frais pour des affections de longue durée [ALD], pour des bénéficiaires de droits sociaux [et] pour les soins relevant de l'urgence".
Il affirme que le futur service public d'informations en santé doit informer "sur la totalité des offres de soins ou de prise en charge médico-sociale sur les bassins de vie et territoires de santé, sans en privilégier aucune dans la présentation des informations".
Concernant les données de santé, il souhaite notamment une gouvernance assurée par "une instance indépendante". Pour le Cnom, l'actuel Institut des données de santé (IDS, dont le projet de loi modifie l'intitulé et le fonctionnement) "en représente une bonne configuration compte tenu de sa composition, sous réserve de son élargissement".
Enfin, "la loi doit affirmer dans un titre spécifique le renforcement de la prévention des conflits d'intérêts", préconise l'ordre.
Ces observations "ont été traduites dans de très nombreuses propositions de rédaction concrètes d'amendements ou d'articles additionnels ayant pour objectif une réécriture du projet de loi", indique le Cnom, ajoutant que "d'autres observations et propositions d'amendements ou articles additionnels suivront".
Les principaux syndicats de médecins libéraux appellent à une fermeture des cabinets fin décembre pour protester contre le projet de loi de santé, rappelle-t-on (cf APM NCRKC001).
Les observations du Cnom sur le projet de loi de santé
nc/ab/APM polsan
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NCRKD004 13/11/2014 19:22 ACTU