Gestion des risques
Une enquête met en lumière les difficultés de gestion des Dasri pour des infirmiers libéraux
18/02/14 - 14h13 - HOSPIMEDIA |
Les bonnes recommandations concernant la prévention des risques infectieux liés aux soins à domicile semblent difficiles à appliquer. Une étude menée auprès d'infirmiers libéraux de Seine-et-Marne montre en la matière de nombreuses lacunes.
Dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), l'Institut national de veille sanitaire (InVS) détaille les résultats d'une enquête menée auprès d'infirmiers libéraux de Seine-et-Marne et constate qu'ils rencontrent des difficultés dans la mise en œuvre des recommandations de bonnes pratiques pour la prévention des infections liées aux soins à domicile. Les répondants semblent loin d'appliquer les précautions standards que ce soit en ce qui concerne leur statut vaccinal ou leurs habitudes en termes de bonnes pratiques du risque infectieux (hygiène des mains, protection personnelle, accidents d'exposition au sang au cours de leur exercice, élimination et gestion des Déchets d'activité de soins à risque infectieux - Dasri).
Les limites de l'étude
L'étude a été réalisée à partir des réponses de 206 Infirmiers libéraux diplômés d'État (Idel) de Seine-et-Marne sur 883 contactés (hors associations offrant des soins infirmiers à domicile). Elle permet selon les auteurs d'avancer quelques pistes de réflexion. "En revanche, en l'absence d'informations sur les non-répondants ou sur les caractéristiques des Idel de Seine-et-Marne (lieux d'exercice), il est difficile de juger de la représentativité de l'étude".
Le réquisitoire des Idel
Parmi leurs constats, les auteurs relèvent que les équipements de prévention des risques infectieux sont mal adaptés aux besoins des Idel et au caractère ambulatoire des soins. Mais aussi que la communication hôpital-ville insuffisante ne permet pas aux Idel d'analyser les risques infectieux potentiels. Ou encore que la rémunération est jugée insuffisante au regard de l'investissement nécessaire au respect des bonnes pratiques. Conçu comme une auto-évaluation, ce travail va permettre d'élaborer un projet transversal et territorial avec différents partenaires en vue de répondre aux difficultés rencontrées par les infirmiers exerçant à domicile, annoncent-ils. Et de suggérer que le questionnaire de l'étude soit intégré dans un outil d'auto-évaluation des pratiques des Idel.
Vaccin et hygiène des mains
Les chiffres, à considérer avec précaution au regard des limites de l'étude, dressent donc un premier état des lieux départemental. Parmi les Idel interrogées, seulement un peu plus de la moitié (54%) présentent des vaccins à jour. Ce pourcentage diminue fortement en fonction des années d'exercice. Seulement 42% des Idel exerçant depuis plus de 5 ans ont leurs vaccins à jour. Concernant l'hygiène des mains, 82% déclarent utiliser du gel hydro-alcoolique entre deux visites et 77% veillent à ce que celui-ci soit virucide. 5 infirmières ont révélé porter des faux ongles et une grande majorité des bijoux (63%). En ce qui concerne les équipements de protection, seulement 23% disposent de tabliers à usage unique. Par contre elles semblent avoir recours aux gants à usage unique plus facilement (98%).
AES et Dasri...
Les auteurs notent que les Accidents d'exposition au sang (AES) en milieu libéral sont peu déclarés. Un peu moins d'un quart des Idel (24%) connaissent le référent hospitalier le plus proche. Bon point, les Idel interrogées ont majoritairement (96%) indiqué qu'elles effectuaient le tri des déchets piquants-coupants-tranchants (98%). Mais elles semblent moins nombreuses (32%) lorsqu'il s'agit de trier les déchets mous à risques infectieux des déchets ménagers. Le transport des Dasri est problématique. 65% des Idel n'utilisent pas de containers conçus à cet effet. Et les auteurs rapportent qu'elles ne semblent pas connaître le changement de législation concernant les déchets de soins des patients en auto-traitement. Enfin la communication ville-hôpital peut être qualifiée d'inexistante. 1% des Idel a systématiquement accès au compte rendu d'hospitalisation et 88% déclarent ne pas être informées lorsqu'un patient est porteur d'une bactérie multirésistante.
Lydie Watremetz
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