L'Etat condamné pour ne pas avoir publié les décrets sur l'inscription automatique aux Ordres des paramédicaux
SUJET :
PARAMEDICAUX MINISTERE-SANTE JUSTICE ORDRES HOPITAL LIBERAUX
CLINIQUE SYNDICATS
L'Etat condamné pour ne pas avoir publié les décrets sur l'inscription automatique aux
Ordres des paramédicaux
PARIS, 24 juin 2013 (APM) - L'Etat a été condamné vendredi par le Conseil d'Etat pour avoir
refusé de publier le décret relatif à l'inscription automatique au tableau de l'Ordre des
masseurs-kinésithérapeutes.
Dans son arrêt, le Conseil d'Etat donne raison au syndicat de masseurs-kinésithérapeutes
Alizé qui avait attaqué la décision implicite du Premier ministre rejetant sa demande d'édiction
d'un décret d'application de l'article L4321-10 du code de la santé publique, qui organise
l'inscription à l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.
Bien que prévus explicitement dans la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et
relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST), les décrets relatifs à l'inscription
automatique aux Ordres des masseurs-kinésithérapeutes (article L4321-10), des infirmiers
(article L4311-15) et des pédicures-podologues (article L4322-2) n'ont toujours pas été
publiés, note-t-on.
Le ministère de la santé avait exclu en janvier 2012 d'édicter un tel décret pour les infirmiers
(cf APM NCPA9004).
Dans son arrêt, le Conseil d'Etat rappelle que "l'exercice du pouvoir réglementaire comporte
non seulement le droit mais aussi l'obligation de prendre dans un délai raisonnable les
mesures qu'implique nécessairement l'application de la loi, hors le cas où le respect
d'engagements internationaux de la France y ferait obstacle".
En l'espèce, il relève que l'article L4321-10 du code de la santé publique créait un droit
d'accès de l'Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes "aux listes nominatives des
masseurs-kinésithérapeutes employés par les structures publiques et privées", celles-ci étant
"notamment utilisées pour procéder, dans des conditions fixées par décret, à l'inscription
automatique des masseurs-kinésithérapeutes au tableau tenu par l'ordre".
Or la haute juridiction administrative estime que la publication du décret en question est
nécessaire à la mise en oeuvre de ces dispositions "compte tenu de la nécessité de préciser
les conditions dans lesquelles il est procédé aux inscriptions d'office au tableau tenu par
l'ordre national des masseurs-kinésithérapeutes, notamment en ce qui concerne la collecte
des données transmises par les structures publiques et privées employant des masseurskinésithérapeutes
et la vérification par les autorités ordinales des conditions légales
permettant l'inscription des intéressés au tableau".
Faute de publication de ce texte, le Conseil d'Etat estime que "le délai raisonnable dont le
gouvernement disposait pour fixer les modalités d'application de la loi" est expiré, et annule la
décision implicite du Premier ministre refusant d'édicter le décret. Il condamne l'Etat à verser
2.000 euros au syndicat Alizé.
UNE JURISPRUDENCE ENCORE MOUVANTE
A travers cette décision, le Conseil d'Etat prend le contre-pied de nombreuses juridictions
APM International - L'Etat condamné pour ne pas avoir publié les décret... http://www.apmnews.com/print_story.php?numero=238218
1 sur 2 24/06/2013 15:27
judiciaires saisies de recours relatifs au refus d'inscription de professionnels paramédicaux à
leurs Ordres respectifs, dans la mesure où certaines estimaient que les dispositions relatives
à l'inscription d'office s'appliquaient sans qu'un décret soit nécessaire à leur mise en oeuvre.
En première instance, certains professionnels avaient ainsi eu gain de cause, avant de subir
un revers en appel (cf APM VGOJQ001 et APM VGPB2001). Mais faute d'être arrivée devant
la Cour de cassation, la jurisprudence ne s'est jamais consolidée, certaines juridictions du
fond continuant de rendre des décisions favorables aux professionnels réfractaires à l'Ordre.
Début mai, la fédération CGT de l'action sociale s'est ainsi félicitée d'un jugement rendu par le
tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, qui relaxait une pédicure-podologue de
l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), poursuivie par son Ordre pour "exercice
illégal de la profession pour défaut d'inscription volontaire au tableau de l'Ordre".
Dans son jugement, le tribunal estimait que la loi ne faisait pas obligation aux professionnels
paramédicaux de s'inscrire volontairement à leur Ordre, et que compte tenu de l'imprécision
des dispositions et faute de décret d'application, l'obligation d'inscription n'incombait "pas
nécessairement" au professionnel poursuivi.
Pour Me Eric Rocher-Thomas, avocat d'Alizé sur plusieurs dossiers joint lundi par l'APM, la
position des procureurs et avocats généraux devant les juridictions correctionnelles relèvera
désormais du "numéro d'équilibriste" puisqu'ils devront justifier la condamnation de
professionnels en dépit de la carence de l'Etat sur la réglementation.
Il déplore que les juridictions correctionnelles aient en quelque sorte décidé de combler cette
carence sur l'inscription d'office en condamnant au pénal des praticiens pour refus
d'inscription volontaire, parce que c'était "la seule solution pour les inscrire".
Il considère toutefois que cet arrêt du Conseil d'Etat risque d'épaissir davantage les
incertitudes de la jurisprudence sur ces contentieux.
(Conseil d'Etat,
arrêt n°362325
vg/san/APM polsan
SUJET :
PARAMEDICAUX MINISTERE-SANTE JUSTICE ORDRES HOPITAL LIBERAUX
CLINIQUE SYNDICATS
L'Etat condamné pour ne pas avoir publié les décrets sur l'inscription automatique aux
Ordres des paramédicaux
PARIS, 24 juin 2013 (APM) - L'Etat a été condamné vendredi par le Conseil d'Etat pour avoir
refusé de publier le décret relatif à l'inscription automatique au tableau de l'Ordre des
masseurs-kinésithérapeutes.
Dans son arrêt, le Conseil d'Etat donne raison au syndicat de masseurs-kinésithérapeutes
Alizé qui avait attaqué la décision implicite du Premier ministre rejetant sa demande d'édiction
d'un décret d'application de l'article L4321-10 du code de la santé publique, qui organise
l'inscription à l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.
Bien que prévus explicitement dans la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et
relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST), les décrets relatifs à l'inscription
automatique aux Ordres des masseurs-kinésithérapeutes (article L4321-10), des infirmiers
(article L4311-15) et des pédicures-podologues (article L4322-2) n'ont toujours pas été
publiés, note-t-on.
Le ministère de la santé avait exclu en janvier 2012 d'édicter un tel décret pour les infirmiers
(cf APM NCPA9004).
Dans son arrêt, le Conseil d'Etat rappelle que "l'exercice du pouvoir réglementaire comporte
non seulement le droit mais aussi l'obligation de prendre dans un délai raisonnable les
mesures qu'implique nécessairement l'application de la loi, hors le cas où le respect
d'engagements internationaux de la France y ferait obstacle".
En l'espèce, il relève que l'article L4321-10 du code de la santé publique créait un droit
d'accès de l'Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes "aux listes nominatives des
masseurs-kinésithérapeutes employés par les structures publiques et privées", celles-ci étant
"notamment utilisées pour procéder, dans des conditions fixées par décret, à l'inscription
automatique des masseurs-kinésithérapeutes au tableau tenu par l'ordre".
Or la haute juridiction administrative estime que la publication du décret en question est
nécessaire à la mise en oeuvre de ces dispositions "compte tenu de la nécessité de préciser
les conditions dans lesquelles il est procédé aux inscriptions d'office au tableau tenu par
l'ordre national des masseurs-kinésithérapeutes, notamment en ce qui concerne la collecte
des données transmises par les structures publiques et privées employant des masseurskinésithérapeutes
et la vérification par les autorités ordinales des conditions légales
permettant l'inscription des intéressés au tableau".
Faute de publication de ce texte, le Conseil d'Etat estime que "le délai raisonnable dont le
gouvernement disposait pour fixer les modalités d'application de la loi" est expiré, et annule la
décision implicite du Premier ministre refusant d'édicter le décret. Il condamne l'Etat à verser
2.000 euros au syndicat Alizé.
UNE JURISPRUDENCE ENCORE MOUVANTE
A travers cette décision, le Conseil d'Etat prend le contre-pied de nombreuses juridictions
APM International - L'Etat condamné pour ne pas avoir publié les décret... http://www.apmnews.com/print_story.php?numero=238218
1 sur 2 24/06/2013 15:27
judiciaires saisies de recours relatifs au refus d'inscription de professionnels paramédicaux à
leurs Ordres respectifs, dans la mesure où certaines estimaient que les dispositions relatives
à l'inscription d'office s'appliquaient sans qu'un décret soit nécessaire à leur mise en oeuvre.
En première instance, certains professionnels avaient ainsi eu gain de cause, avant de subir
un revers en appel (cf APM VGOJQ001 et APM VGPB2001). Mais faute d'être arrivée devant
la Cour de cassation, la jurisprudence ne s'est jamais consolidée, certaines juridictions du
fond continuant de rendre des décisions favorables aux professionnels réfractaires à l'Ordre.
Début mai, la fédération CGT de l'action sociale s'est ainsi félicitée d'un jugement rendu par le
tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, qui relaxait une pédicure-podologue de
l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), poursuivie par son Ordre pour "exercice
illégal de la profession pour défaut d'inscription volontaire au tableau de l'Ordre".
Dans son jugement, le tribunal estimait que la loi ne faisait pas obligation aux professionnels
paramédicaux de s'inscrire volontairement à leur Ordre, et que compte tenu de l'imprécision
des dispositions et faute de décret d'application, l'obligation d'inscription n'incombait "pas
nécessairement" au professionnel poursuivi.
Pour Me Eric Rocher-Thomas, avocat d'Alizé sur plusieurs dossiers joint lundi par l'APM, la
position des procureurs et avocats généraux devant les juridictions correctionnelles relèvera
désormais du "numéro d'équilibriste" puisqu'ils devront justifier la condamnation de
professionnels en dépit de la carence de l'Etat sur la réglementation.
Il déplore que les juridictions correctionnelles aient en quelque sorte décidé de combler cette
carence sur l'inscription d'office en condamnant au pénal des praticiens pour refus
d'inscription volontaire, parce que c'était "la seule solution pour les inscrire".
Il considère toutefois que cet arrêt du Conseil d'Etat risque d'épaissir davantage les
incertitudes de la jurisprudence sur ces contentieux.
(Conseil d'Etat,
arrêt n°362325
vg/san/APM polsan